PASAMONTE EUC





Fig. 1 – Vue en lumière polarisée croisée (LPA) d’une lame mince
(0,030 mm) de Pasamonte_EUC pmt.
On peut distinguer deux lithologies différentes. © R.Warin.



INTRODUCTION



Le 24 mars 1933 on observa la chute d’une météorite, répartie en une centaine de pierres totalisant 3 à 4 kg. Cela se passait au Nouveau Mexique. Ce météoride fut aperçu aussi au Colorado, au Kansas, en Oklahoma et aussi loin que le Texas et le Wyoming, avec une immense traînée tournoyante de poussière large de 1500 m et longue de centaines de km. La masse de ce matériau devait dépasser des milliers de tonnes. Avec beaucoup d’opportunité, Charles M. Brown prit en photos plusieurs aspects de cette chute avec sa boîte Kodak. Harvey Nininger lui-même (le Meteorite Man des années ’30) décrivit cette scène en 1934 et durant les années suivantes. Ce grand collectionneur (réellement une référence) relata que le météore resta visible une vingtaine de secondes. Quant au nuage, on l’observa durant plus de 3 heures et, suprême spectacle, la sphère lumineuse terminale avait un diamètre d’environ 10 km. Le diamètre de la traînée tournoyante était d’un mile. Le champ de chute était large de 3 à 5 km et long de 28 km. La chute de ce météore a fortement impressionné les habitants du Sud-Ouest des Etats-Unis. C’est le début de son statut de météorite de référence.



PETROLOGIE



Fig. 2 – Pasamonte EUC en LPA – Au centre, une zone avec une texture ophitique, noyée dans une matrice finement grenue.



Pasamonte possède à côté d’un aspect historique, des particularités telles que ce fut l’une des eucrites les plus étudiées depuis 1938 jusqu’à nos jours. Cette eucrite s’avère être une brèche polymicte. Tous les clastes sont de nature eucritique, aucun n’étant diogénitique. Pasamonte ne peut donc être une howardite. Dans une texture ophitique, de fines lattes de plagioclases sont entourées de pyroxène. L’ensemble des caractéristiques (avec d’autres) sont en faveur d’un métamorphisme plutôt faible subi par le corps parent. 

D’une manière générale, les eucrites ressemblent aux laves des volcans hawaïens. Elles se formées de la même façon, après l’éjection de roche basaltique fondue en surface de l’astéroïde. Cette lave s’est refroidie si rapidement que la masse n’a pu cristalliser qu’en de microcristaux.





Fig. 3 – Vue par transparence en lumière non analysée (naturelle) de Pasamonte EUC. On distingue également les clastes ophitiques.



Des études très récentes basées sur les rapports isotopiques de l’oxygène de certaines eucrites étaient anormales par rapport aux rapports relativement homogènes des météorites HED issues de Vesta. Cette anomalie, ainsi que des compositions chimiques, des textures et des âges différents sont des évidences que l’eucrite Pasamonte doit provenir d’un corps parent différent de Vesta et des Vestoïdes, comme les autres météorites HED.

On peut ainsi penser que Pasamonte EUC a eu un corps parent de la taille de Vesta, mais bien différent de Vesta. Des astéroïdes de ce type devaient être nombreux aux débuts du Systèmes solaire, avant la période du Grand Bombardement tardif (Late Heavy Bombardment) ayant duré de 4,1 à 3,5 milliards d'années approximativement, période durant laquelle se serait produite une augmentation notable des impacts météoriques ou cométaires sur les planètes telluriques.

On connait plusieurs eucrites anormales, incluant Pasamonte, PCA 91007, Ibitira, Bunburra Rockhole, A-881394, et NWA 1240. Ce sont Sanborn et Yin (2014)] qui ont présenté un diagonistic approprié pour différencier les relations entre les corps parents et les météorites. Il s’agit d’un diagramme Δ17O vs. ε54Cr.





Fig. 4 – Autre vue de Pasamonte, montrant les 
différentes lithologies. © R. Warin.



Puisqu’il existe maintenant un nombre de météorites semblant être des eucrites qui ne peuvent être groupées avec les eucrites normales pour diverses raisons, il a été proposé que le terme « eucrite » serait utilisé pour décrire une roche, sans impliquer une origine de Vesta, le corps parent de toutes les HED.

Roger Warin.