La
Belgique est située au centre de l'Europe occidentale, au Nord-Est de
la France (30000 km2). De manière générale, le terrain est
peu accidenté mais boisé dans le sud (Ardennes) . Le
climat est tempéré; étés et hivers doux, assez humides. Ce n'est pas
un terrain idéal pour la recherche de météorites. En Belgique, aucune météorite n'a été découverte. Notre pays compte 3 chutes observées et retrouvées: il se situe dans la bonne moyenne des pays occidentaux. Outre celles-ci, j'ai complété la liste avec les chutes incertaines et douteuses. (Merci à l'Institut des Sciences Naturelles de Belgique qui m'a permis de consulter sa documentation.) Carte des météorites belges : points
noirs : chutes incertaines, METEORITES
BELGES ET CHUTES INCERTAINES « MONS »
(30
juin 1186) (chute incertaine). Le
livre "Histoire de la Ville de Mons" publié en 1725 renseigne
une chute de pierres qui se serait abattue sur cette ville le 30 juin
1186. « ...
une grêle de pierres qui tomba le 30 juin dont la plus grosse pesait
plus d'une livre et surpassait celle d'un œuf; cet orage furieux poussé
par le vent gâta toute la moisson, foudroya les bâtiments, écrasa les
bêtes, déracina les arbres et tua une quantité d'hommes ». Au vu de cet extrait, il est impossible de savoir s'il s'agit d'une véritable chute de météorites. Peut-être s'agit-il tout simplement de gros grelons tombés lors d'un orage violent sur Mons et ses environs? "BRUXELLES"
(vers 1500) (chute probable) Une
pierre, tombée vers 1500 dans les environs de Bruxelles, fût conservée
par l’un des comtes de Nassau dans son palais. Albert
Dürer eût l'occasion de la voir et relate le fait dans ses notes de
voyage (vers 1520-1521). Plus
tard, CHLADNI, le père de la science moderne des météorites, se
rendit à Bruxelles afin d'examiner la pierre.
Entre-temps, le palais avait été incendié et reconstruit.
Quant à la pierre, ni Chladni, ni personne d'autre ne sait ce
qu'elle est devenue ... "ANTWERPEN"
(1514) (chute incertaine) Dans
la "Chronique de la Ville d'Anvers", une citation relate
vraisemblablement la chute d'une météorite. « In dit selve jaer, in
september, op Heyligh Cruysdagh, doen wert gesien, des avonds, eenen clomp viers, vliegende recht boven die huysen,
al soo groot als een biertonne, ende achter hacidet een langen
stralen, ende lichte seer alle dese Neclerlanden door, ende sommige lieden, die op
de heyden waren, die hoorden een bijster getir
in de locht ende saghen in de locht mannen van wapenen, die sheenen
door de locht te rijden (Chronijck der stadt Antwerpen-Bertijn, 1879) ». Traduction: "Dans
la même année, en Septembre, le jour de la Sainte Croix, une boule de
feu volant au-dessus des maisons, fut aperçue, aussi grosse qu'un
tonneau de bière et, derrière, il y
avait un long rayon, et une lumière était visible au-dessus des
Pays-Bas et les personnes qui se trouvaient, dehors, dans les champs,
entendirent un bruit terrible et virent des personnes armées qui
semblaient chevaucher dans les airs." La
citation décrit remarquablement bien les phénomènes accompagnant
l'entrée d'une météorite dans l'atmosphère.
Ici encore, aucune pierre ou fragment n'a été récupéré.
La météorite serait-elle tombée dans la mer du Nord? Cette possibilité est tout à fait plausible! « Entre
BRUXELLES et MALINES » (1
mars 1564) (chute incertaine) Une
météorite est-elle tombée entre Bruxelles et Malines, le 1 mars 1564? Un document conservé à la Bibliothèque ducale de Gotha
l'atteste. « Le
ciel était d'abord clair; à neuf heures il devint incandescent et répandit
un reflet donnant à tout un aspect jaune.( ... ) Alors tombèrent d'épouvantables
pierres du ciel, semblables en forme et en couleur à des billes, parmi
lesquelles certaines, fort grandes, pesaient de 5 à 6 livres; il y
en avait de plus grandes et de plus petites ». D'après
CHLADNI, il s'agirait d'une affabulation. Ici aussi, nous ne possédons pas assez de témoignages pour prétendre de la véracité de l'événement. CHARLEROI
(27 octobre 1634) (chute douteuse) Le
« Catologue of Meteorites » de Graham (British Museum) cite
une chute douteuse survenue à Charleroi le 27 octobre à 8 h 00.
Plusieurs pierres d'un poids total de 4 kg se seraient abattues.
La Ville de Charleroi ne possède aucun document relatant l'événement.
Dans son livre "Ueber Feuer-Meteore", édité en 1819,
CHLADNI fait référence à CHAROLLOIS". Le
nom "CHAROLLOIS" désigne-t-il vraiment "CHARLEROI"? SINT-DENIJS-WESTREM
(7 juin 1855) (lère chute certaine) Synonymes:
Gent, Ghent Deux
habitants de Sint-Denijs-Westrem furent les témoins de la chute d'une météorite
dans un champ le 7 juin 1855 vers 7h45 du soir.
Elle s'enfonça de 2 pieds dans le sol à quelques 30 m des témoins.
Lorsqu'on la ramassa, la pierre encore chaude émettait une odeur
sulfureuse. La pierre
pesait 700,5 g. Avant
de débiter la pierre en plusieurs morceaux, heureusement, un moulage de
celle-ci a été réalisé. D'après
le Catalogue du British Museum, l’Université de Gent conserve un
fragment de 189 g. Après
m'être renseigné, l'Université ne sait pas ce qu'est devenu le
fragment. Classification:
Météorite pierreuse ordinaire (Chondrite à Hypersthène et Bronzite
type L6). Deux fragments de cette météorite de Sint-Denijs-Westrem sont connus, l’un au Musée de Vienne, l’autre à celui de Paris. TOURINNES-LA-GROSSE
(7 décembre 1863) (2ème chute certaine) Synonymes:
Louvain, Tirlemont: Le
7 décembre 1863 vers 1l h 30 du matin, une météorite se brisa sur les
pavés de la route à Tourinnes-la-Grosse.
Un rapport rédigé par l'échevin de la localité relate l'événement
dont voici un extrait assez large : « Un
phénomène météorologique extraordinaire, qui a rempli d'effroi les
habitants de nos contrées, s'est produit à Tourinnes-la-Grosse, à
l'endroit du village appelé le Rond Chêne, sur le grand chemin, à 80
m de ma ferme et à moins de 25 m de plusieurs habitations ouvrières,
le lundi 7 du courant du mois de décembre 1863, vers 11 h du matin.
Le bruit de quatre détonations successives mit d'abord
l'attention publique en éveil; puis à ces premières détonations succède
un bruit semblable; un peu moins intense; mais beaucoup plus prolongé,
entremêlé d'un air ressemblant à une fusillade très vive.
Environ 20 secondes après, alors que tout le monde est sorti précipitamment
des maisons pour s'entretenir de ce qui vient de se passer se produit un
sifflement ressemblant au bruit que produit une fuite de vapeur très précipitée
... En
même temps plusieurs personnes voient très distinctement comme une
langue de nuage paraissant avoir 2
m de longueur fondre dans le sens du Nord au Midi et très
obliquement et venir voler en éclat sur le pavé, sous les yeux des
spectateurs ébahis. Ce phénomène
étrange a duré environ une minute et demie. La foule un peu remise de sa stupéfaction se précipite pour
contempler de près ce qu'elle a vu tomber, ô surprise! ce sont des
morceaux de pierres de différentes grosseurs! et on les voit ramasser
jusqu'aux plus petites". Un
autre fragment de la pierre a été ramassé dans un bois de sapins à
1795 m à vol d'oiseau du premier morceau.
Ce fragment a sectionné un sapin d'une circonférence de 26 cm
à sa base à une hauteur de 2,28 m du sol! L'explosion
de l'aérolithe a dû être très violente: ... les détonations et les
bruits causés par les capricieux zigzags que le phénomène décrivait
plus ou moins obliquement dans l'espace ont été entendus à Tirlemont,
à Jodoigne, à Charleroi; etc., et que partout on a été stupéfait ». Le
Museum Royal d'Histoire Naturelle en possède un petit fragment.
NAMUR
(5 juillet 1868 (chute probable) Dans
le Bulletin de l'Académie Royale de Belgique (tome 26,1868), Mr
Bellynck relate la chute d'une météorite à Namur : « Pendant
la nuit du 5 au 6 juillet un violent orage éclata sur Namur, et, vers
11 h 45, un globe de feu tomba sur le toit d'une maison (n° 8) de la
rue Saint-Loup. Ce corps enflammé, qui paraît être un aérolithe, brisa
une tuile et la calcina en partie; sa chute coïncida avec un coup de
tonnerre, et en même temps, une forte odeur de poudre se répandit et
faillit suffoquer la domestique qui fut témoin du phénomène. Ce
météorite se brisa en tombant, mais on n’en retrouva qu'un fragment
pesant neuf grammes". Ce
fragment est décrit de la manière suivante (toujours par Mr Bellynck): "ce
petit aérolithe affecte la forme d'un rognon assez irrégulier,
mesurant 20, 25 et 15 mm de diamètre, et il pouvait peser 10 gr au
moment de sa chute ... Sa surface inégale, fendillée, d'une couleur
olivâtre, est parsemée de points jaunes brillants, mais non
cristallins. En supposant
qu'il ne soit qu'un fragment détaché d'une masse plus grande, la
petite croûte qui le recouvre en entier indique qu'il a été isolément
à l'état d'incandescence. La
substance assez friable présente à l'intérieur la texture d'un agglomérat
de cendres volcaniques, d'un gris très foncé, où l'on découvre des
parcelles cristallines, les unes jaunes, les autres noires, mais sans éclat
métallique. Sa densité,
prise dans l'eau à 16°, est 3,004 c-à-d peu inférieure à la densité
moyenne des aérolithes les mieux connus.
Il est très magnétique, et présente des pôles contraires aux
extrémités de son plus grand diamètre". Des
essais chimiques ont révélés la présence de Nickel, de Fer, de
Chrome et de Soufre. Qu'est
devenu le fragment? Nous
l'ignorons. Serait-il dans la collection de pierres des "Facultés
Universitaires de Namur"? Malgré
de fortes présomptions qu'il s'agisse bien d'une météorite, les spécialistes
sont prudents et préfèrent ne pas classer cette pierre parmi les météorites,
faute de renseignements plus complets. LESVES
(13 avril 1896) (3ème et dernière chute certaine) Vers
8h du matin, le 13 avril 1896, une météorite tomba à Lesves à
proximité d'un habitant du village.
La chute n'a été aperçue qu'au moment de l'explosion.
Aucun phénomène lumineux ne fut perceptible.
Ce n'est qu'au bout d'un quart d'heure qu'on retrouva la pierre déjà
refroidie. Pesant
environ 2 kg, de forme plutôt allongée, elle était recouverte d'une
croûte noire de fusion. "LESVES"
constitue la dernière chute connue à ce jour en Belgique. L'Institut
Royal des Sciences Naturelles possède un beau spécimen de
"Lesves".
AUTRES
METEORITES... HAINAUT
(26 novembre 1934): La
météorite presque Belge. Synonymes:
Bétréchies, Bettrechies, Lille En
consultant le "Catalogue of Meteorites" de Graham, j'ai été
surpris de voir cette chute classée parmi les météorites belges.
Il s'en est fallu de peu puisque, après avoir traversé toute la
Belgique (de Liège vers Mons), elle est tombée à Brettechies en
France à 60 m (!!!) au-delà de la frontière belge. La météorite
est donc française! Elle
fut observée à Liège. En voici le témoignage: « Lundi
26 courant (1934), à 8h40, en me promenant sur le quai St-Léonard à
Liège, j'ai aperçu sur ma gauche, loin en avant dans le ciel nord,
ciel hollandais certainement, un point lumineux qui filait à l'instar
des étoiles filantes. En moins de temps qu'il me faut pour le
dire, je me rendais compte qu'il s'agissait d'un autre corps !
Ce point lumineux se traduisait en une traînée lumineuse qui me
paraissait longue de 4 à 5 mètres, en une forme de cône allongé.
La queue en pointe et fine sur une certaine longueur gardait la lueur
blanchâtre des étoiles: le corps dont la base me semblait large de 40
à 50 cm et qui filait en avant était d'un rouge feu bordé de bleu.
L'inclinaison n'était pas très forte ... Il me semble, si le point
d'atterrissage est aux environs de Maubeuge, que la trajectoire à
travers la Belgique serait Turnhout-Maubeuge sans pouvoir préciser bien
entendu. Je l'ai vu sur une grande longueur du trajet, ce qui a été
parcouru en fort peu de temps, ce qui veut dire qu'il filait très vite
et qu'il était très haut encore au moment où je l'ai aperçu ». Pesant
probablement entre 15 à 20 kg, seulement 9 kg ont été retrouvé.
L'Institut Royal des Sciences Naturelles possède 922 g de cette chute. Y
a-t-il des encore des témoins de cette chute? Si oui, je serais
particulièrement intéressé d'entendre son témoignage. Classification:
Météorite pierreuse ordinaire (Chondrite à Olivine et Bronzite type
H3-6). BELCICA:
Les « petites cousines » des METEORITES BELGES Bien
que n'ayant rien à voir avec les météorites belges, je ne puis m'empêcher
de citer quelques météorites provenant d'Antarctique. Certaines
de celles-ci, tombées dans les MONTS BELGICA, ont été récoltées par
une équipe de scientifiques Japonais durant la saison 1979/80. Parmi les 5 météorites récoltées dans ces montagnes, BELGICA 7904 est une chondrite carbonée de type CM2 |