RICHETITE PbU6+4O13
. 4H2O Oxyde d’uranyle et de plomb hydraté |
INTRODUCTION La richetite a été nommée en l’honneur du géologue belge Emile RICHET (1884 – 1939), chef géologue à l’Union Minière du Haut Katanga. La richetite a été décrite en 1947 par VAES sur deux échantillons provenant de Shinkolobwe. FRONDEL a émis des doutes en 1958 sur la nature et l’existence même de ce minéral. Mais PROTAS confirma (1959) les observations de Vaes, sur un échantillon de la Sorbonne (Paris). L’analyse de la richetite présentée par Paul Piret et Michel Deliens a été réalisée sur l’échantillon n°1712 de l’Université de Liège. L’espèce minérale a été ainsi validée. Une autre façon d’écrire la formule brute est celle-ci : PbO.4UO3
. 4H2O LOCALITE-TYPE La richetite est l’un des plus rares des minéraux secondaires de la zone d’oxydation des dépôts hydrothermaux d’uranium. C’est encore dans le remarquable gisement de Shinkolobwe (Katanga) qu’a été trouvé pour la première fois ce minéral exceptionnel. La richetite s’y trouve associée à l’uranophane (en aiguilles jaune verdâtre ou en enduit), à la becquerelite (tablettes allongées jaune à jaune ambré), à la wölsendorfite orange et à la masuyite (prismes courts aplatis pseudo-hexagonaux rouge-orange). La kasolite et la rutherfordine complètent le tableau. Tous ces minéraux forment des croûtes microcristallines sur l’uraninite massive, présentant parfois des cristaux cubiques. MORPHOLOGIE Les
cristaux de richetite se présentent sous la forme de tablettes dont le
contour est hexagonal. Des cristaux « condensés » latéralement
entre eux dans un même plan perturbent cet aspect idéal. Ces tablettes
sont en fait polycristallines, étant constituées de très fins
cristaux lamellaires superposés et aussi décalés les uns par rapport
aux autres. La plupart du temps, les cristaux sont « plantés »
dans la croûte microcristalline, rendant l’observation plus
difficile. C’est l’un des oxydes cristallins les plus lourds, sa
densité calculée valant 6,02. Toutes les photos présentées ont été
prises sur un même échantillon, tout à fait exceptionnel pour l’espèce. Les
cristaux sont bruns noirs opaques mais quand leur épaisseur devient très
faible, ils sont colorés en brun plus clair et deviennent translucides.
La couleur brune à noire est inattendue pour un oxyde hydraté
d’uranium et de plomb. En effet, la curite, la fourmariérite, la
masuyite, la vandendriesschéite et la wölsendorfite ont une teinte qui
oscille du jaune orangé au rouge vif. La présence d’ions uranium et
plomb autres que U6+ et Pb2+ pourrait être invoquée.
J. RIGA (FNDP Namur) a montré que si l’uranium est bien sous la forme
de U6+ (soit UO22+ ) le plomb se trouve soit
sous la forme de Pb2+ , soit d’un mélange de Pb2+
et Pb4+. Les
tablettes cristallines sont aplaties sur {001}. Le clivage sur {001} est
très net et facile. Ces plaquettes hexagonales sont bordées par les arêtes
[110], [1-10] et [010]. Les arêtes du cristal idéal de la 1ère photo
mesurent 0,25 mm environ. J.F.
VAES a démontré (1947) grâce à son une étude optique des cristaux
de richetite, l’existence de macles suivant un plan perpendiculaire à
l’aplatissement. Elles sont très fréquentes. La figure de Vaes
jointe résume ses travaux. Il a aussi observé que les arêtes sont
tronquées par des faces obliques. Piret
et Deliens ont mis en évidence, grâce aux RX, une symétrie
triclinique avec a = 20.81, b = 12.06, c = 16.30 Å ; a = 103.8°,
b = 115.1° et g = 90.4°. La maille unitaire est énorme avec V = 3570
Å3. Mais on peut réaliser certaines approximations qui réduisent la
maille de 36 fois et les paramètres de cette maille approchée
pseudo-hexagonale (H) deviennent AH = 4.020, BH = 3.996, CH = 7.113
Å ; aH = 89.93°, bH = 90.17° et gH = 119.8° alors que V = 99.17
Å3. On
remarquera (Christ et Clark, 1960) que la richetite a la même
composition chimique que la fourmariérite. STRUCTURE Grâce
à l’évolution des techniques d’analyses, la structure de la
richetite a été récemment établie par Peter C. BURNS (1998). Cet
auteur a déterminé la composition avec plus de précision encore et il
propose une meilleure formule approchée : MxPb8,57[(UO2)18(OH)12]2(H2O)41,
avec Z = 1. Triclinique
P1 ; a = 20,9391, b= 12,100, c = 16,3450 Å, a
= 103,87, b
= 115,37, g
= 90,27° ; V = 3605,2 Å3. La
structure contient 36 positions U6+, qui font partie d’un
ion uranyle (U6+O2)2+ non linéaire,
qui est de plus penta-coordiné à 5 (O, OH) anions formant ainsi des
bipyramides pentagonales. Les
polyèdres uranyles partagent leurs arêtes pour formes des feuillets a-U3O8
symétriquement distincts mais à la topologie identique. Bien que ce
type de feuillets uranyles intervient dans plusieurs structures, les
feuilles de la richetite sont uniques vu l’arrangement des anions (OH)-.
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cations Pb2+ occupent des sites isolés et 2 sites
octaédriques peuvent contenir du Fe3+ ou d’autres
cations. De
plus, un réseau de liaisons Hydrogène fournit un lien
additionnel. REMARQUE La
présence de cations autres que le plomb, comme le fer, peut être corrélé
à la couleur brune particulière de cet oxyde hydraté d’uranium et
de plomb. BIBLIOGRAPHIE [1]
Paul Piret et Michel Deliens, Bull. Minéral. (1984), 107, 581-585. [2]
J.F. Vaes, Six nouveaux minéraux d’urane provenant de Shinkolobwe,
Katanga. Ann. Soc. Géol. Belgique, 70, 212-225. [3]
J. Protas, Contribution à l’étude des oxydes d’uranium hydratés,
Bull. Soc. Fr. Minéral. Cristallogr., 82, 239-272. [4]
Peter C. Burns, The structure of richetite, a rare lead uranyl oxide
hydrate, Can. Mineral. (1998) 36, 187-199. ROGER WARIN. |