CARROLLITE Cu2+
Co3+2 S4 Kasundwa,
Kamoya II Sud, Kambove (Katanga) |
Photo 1 : Cet échantillon a été récemment acquis par le Musée National d’Histoire Naturelle de Luxembourg. Les arêtes de ce magnifique octaèdre mesurent 4 cm. Un tel exemplaire idiomorphe reste très rare. |
Photo
2 : L’habitus de cette carrollite (25 mm – sur calcite
massive) est plus complexe. Le cube {100} est nettement tronqué par les
faces de l’octaèdre {111}. On aperçoit même une facette du
rhombododécaèdre {110}. Cet échantillon groupe 3 cristaux imbriqués de façon aléatoire. Il n’y a pas de macle. |
Photo 3 :
Voici une carrollite octaédrique {111} (arête de 20 mm) très légèrement
modifiée par le rhombododécaèdre {110} et par le cube {100}. |
Photo
4 : Cet échantillon est très intéressant. C’est une pseudomorphose
de chalcopyrite après carrollite. Ce fait ne semble pas décrit
dans la littérature. En outre la carrollite initiale était maclée selon (111) et on peut remarquer sur la photo que cette macle est polysynthétique : 5 plans de macle se succèdent. Les formes principales sont l’octaèdre et le cube. L’un des individus de la macle est légèrement tronqué par des formes supplémentaires plus générales que les 3 invoquées ici. |
Composition :
La carrollite est l’une des espèces cristallines qui apparaît en début
de la métasomatose des gisements de minerais de cuivre, constitués
essentiellement de sulfures. Les linnaeites et leurs produits
d’oxydation sont les principaux minerais de cobalt. Tout un groupe de
minéraux appartient à une série allant de la linnaeite (Co2+Co3+2S4)
à la polydymite (Ni2+Ni3+2S4).
Dans ce groupe de la linnaeite se trouve la carrollite dont la formule générale
est Cu2+Co3+2S4. On
retrouve en fait la séquence métallique des spinelles (M-O-M’-O-M),
autre groupe important de minéraux aux compositions très variées. La
différence principale réside dans le fait que l’oxygène des
spinelles est remplacé par le soufre. La structure
de la carrollite est la même que celle des spinelles. En conséquence,
la carrollite appartient à la même classe holoédrique du système
cubique. L’habitus octaédrique est habituel. L’aspect peut aussi être
celui du cuboctaèdre, du rhombododécaèdre et même uniquement du
cube. Les carrollites trouvées à Kamoto Fond (mine actuellement inondée) étaient nettement plus modestes par la taille (inférieure ou de l’ordre du cm) mais aussi jolies par la combinaison des formes. Les cristaux octaédriques pouvaient atteindre 2 cm (Kambove) avant les découvertes relativement récentes de Kamoya : les arêtes des cristaux peuvent dépasser 6 cm ! Nous avons admiré un tel octaèdre isolé très bien formé, mais leurs propriétaires nous ont interdit la photo… Le
clivage (001) est imparfait. Les fractures sont conchoïdales. La
couleur des carrollites du Katanga est le gris blanc acier. Les climats
humides et chauds altèrent les cristaux en oxydes. La carrollite apparaît
dans des veines hydrothermales. Dans
le site de Kasundwa, on a aussi trouvé des chalcopyrites
pseudomorphes de carrollite. La macle
selon {111} obéit à la loi du spinelle. La carrollite existe aussi
sous forme de macles lamellaires polysynthétiques (voir photo 4). Roger Warin. |