SENGIERITE 

Cu2(UO2)2(VO4)2(OH)2 . 6 H2O

Luiswishi, Katanga, R.D. Congo

 

 

Dans des fissures déchirant la phase argileuse de l’arc cuprifère du Katanga méridional, se trouve une roche argilo-talqueuse (chlorite et talc). Cette roche est en contact avec une dolomite contenant une siegénite sulfureuse. On y a trouvé une nouvelle espèce minérale sous la forme de très petits cristaux aplatis, de teinte vert – jaunâtre. Des oxydes de fer, cuivre, cobalt et nickel, ainsi que de la volborthite au lustre jaune l’accompagnent. Moins fréquemment la vandenbrandeite, la malachite fibreuse, la garnierite et le chrysocolle sont associés. Dans de petites poches le long de la faille, se trouve de la pechblende altérée en vandenbrandéite et kasolite. Ce nouveau minéral est d’origine supergène, provenant de solutions contenant l’uranium, le vanadium et le cuivre, originaires des minéralisations primaires. 

Le nom de sengierite fut proposé en l’honneur du géologue belge Edgard SENGIER (1879 – 1963), directeur de la Société Générale de Belgique et directeur de l’Union Minière du Haut-Katanga durant l’époque cruciale de la seconde guerre mondiale. Une première identification du nouveau minéral fut faite par Johannes Franciscus VAES (1949) (1). Donnay G. et Donnay J.D.H. (1954 - maille), puis C. Guillemin (1956 - composition) (2) et enfin P. Piret et all. (1980 – structure) (3) l’ont successivement étudié. 

CRISTALLOGRAPHIE : 

De formule Cu2(UO2)2(VO4)2(OH)2 . 6 H2O, la sengierite est un vanadate hydroxylé hydraté d’uranyle et de cuivre.

Ses cristaux très minces (selon nos mesures, jusqu’à 0.07 mm) sont tabulaires, en forme de losanges presque réguliers ou de parallélogrammes, pouvant atteindre 2 mm. Des troncatures supplémentaires peuvent leur donner six côtés. Au premier aspect ils peuvent apparaître orthorhombiques, comme Vaes les a analysés.

Les cristaux de couleur vert jaunâtre sont souvent transparents laissant apparaître la gangue gris clair sur laquelle ils sont couchés.

Système monoclinique, classe holoèdre 2/m.

a = 10.599  b = 8.903   c = 10.085 Å   b = 103.42°    Z = 2.

Densité = 4.10, dureté = 2.5, clivage parfait selon (001).

Pléochroïsme : X = bleu vert, Y = vert olive, Z = jaune-vert.

Soluble dans les acides.

La morphologie de la sengiérite est plutôt simple. Les plaquettes très minces, aplaties sur {001}, possèdent (sur des cristaux idiomorphes) soit 4 côtés, soit 6. Les prismes {110}, {111}, {11-1}, {011} et le pinacoïde {010} sont les formes observables sur divers cristaux (certaines difficilement). Vaes pense que les prismes {331} et {441} sont probables (indexés erronément dans le système orthorhombique).

Des lignes de croissance sont régulièrement visibles formant des stries sur le pinacoïde {001} parallèles aux arêtes [1-10] et [110]

La structure (3) est composée de feuillets [(UO2)2V2O8]n2n- parallèles au pinacoïde (001). Ils sont reliés entre eux par des groupes Cu2O10. Type structural : carnotite.

D’autres composés isotypes sont connus, dont la francevillite et la curiénite. Tous ces composés ont ainsi la même structure feuilletée. 

Bibliographie :

(1) J.F. Vaes and P.F. Kerr, Amer. Mineralogist, 34, 109 – 120 (1949).

(2) C. Guillemin, Bull. Soc. fr. Minéral. Cristallogr., (1956), 79, 257-260.

(3) P.Piret, J.P. Declercq et D. Wauters-Stoop, Bull. Minéral. (1980), 103, 176-178. 

Roger Warin