SHABAITE-(Nd) Ca(TR)2(UO2)(CO3)4(OH)2 . 6 H2O ou
hydroxy-carbonate hydraté d’uranyle, de calcium et de terres rares Kamoto-Est,
Katanga, R.D. Congo
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INTRODUCTION
L’exploitation
des niveaux minéralisés inclus dans les roches dolomitiques de
l’ancienne « Série des Mines » a recoupé une poche uranifère.
Ce minerai radioactif avait été provisoirement stocké en remblai avant
d’alimenter à nouveau les concentrateurs vu la forte teneur en cuivre. Ce
remblai fut heureusement aussi le site de collectes de minéraux
secondaires contenant à la fois de l’uranium et des terres rares. Le
lecteur peut se rapporter à la page dédiée à la kamotoïte-(Y) pour
des informations supplémentaires. Cependant, les échantillons uranifères
de Kamoto Est montrent également des enduits bleu-vert sur lesquels
apparaissent des granules cristallisés de schuilingite-(Nd). Ce
minéral n’avait été signalé qu’à Menda et à Kasompi. D’autre part, une autre nouvelle espèce carbonatée apparaît dans ce gisement : la shabaïte. NOMENCLATURE
Le
nom de ce minéral se rapporte à la Province du Shaba, en mémoire
à toutes les espèces nouvelles que les nombreux gisements de cuivre, de
cobalt et d’uranium de cette province géologique ont produites. En
swahili, « shaba » signifie « cuivre ». Involontairement,
les auteurs de l’analyse ont « cristallisé » dans la
nomenclature minéralogique une situation historique temporaire, car
actuellement, cette province exceptionnelle a repris son nom antérieur :
KATANGA. ASPECTS MORPHOLOGIQUESLa
shabaïte-(Nd) cristallise sous l’aspect de paillettes ou très fines
lamelles dont la taille submillimétrique peut atteindre le millimètre.
Cependant des cristaux idiomorphes de shabaïte peuvent s’individualiser
en courtes tablettes de symétrie pseudo-orthorhombique. Ces individus
peuvent aussi s’assembler en éventail comme les pages d’un livre
ouvert. D’autres cristaux très petits (dimensions de l’ordre de 20 à
40 μm et épaisseur de quelques microns) se groupent sur la roche en
amas micacés, sous la forme de rosettes résolues par le microscope électronique
à balayage. Ces amas macroscopiquement informes atteignent parfois 5 mm.
Généralement, les contours de ces lamelles sont mal définis. Les
cristaux de shabaïte-(Nd) peuvent être (très) transparents,
translucides ou opaques. Ils ont un éclat nacré. Ils sont très peu
colorés, et leur teinte varie du blanc cassé au jaune paille très
clair. Ils sont difficilement décelables sur les rares échantillons qui
les portent. Les
tablettes de shabaïte sont aplaties sur {010} et allongées selon [100].
La terminaison (100) n’existe que rarement. Le clivage {010} est
parfait. La densité mesurée (dans les liquides denses) vaut 3.13 et la dureté est voisine de 2,5. Le minéral n’est pas pléochroïque. PARAGENESES
La
shabaïte-(Nd) est étroitement associée à la kamotoïte-(Y) et
à des enduits hétérogènes bleu-vert au sein desquels se distinguent
des cristaux de schuilingite-(Nd) et des rosettes bleu ciel d’un
carbonate de Cu, d’U et de TR : l’astrocyanite. L’uranophane
en croûtes mamelonnées jaune verdâtre complète l’association. Erodées,
ces croûtes d’uranophanes pourraient être confondues à la shabaïte-(Nd)
microcristalline. Mais un test à l’HCl lèvera immédiatement le doute. COMPOSITION
CHIMIQUE
Les
auteurs ont trouvé une composition chimique correspondant à la formule
suivante : 1,01CaO.
0,94(TR)2O3. 1,00UO2. 4,06CO2.
7,07H2O ou plus simplement: Ca(TR)2(UO2)(CO3)4(OH)2
. 6 H2O. L’ordre
d’importance décroissante des différentes Terres Rares est le suivant : Nd,
Sm, Y (homologue de La), Dy, Pr, La, Ce. Le néodyme est également présent dans la kamotoïte et dans les rosettes d’astrocyanite. C’est la seconde Terre Rare après le cérium. Cela montre que le néodyme semble être une caractéristique géochimique des niveaux uranifères de Kamoto Est. CRISTALLOGRAPHIE
La
symétrie monoclinique peut apparaître comme orthorhombique, suite à la
présence d’un plan de macle (001) et à la valeur de l’angle β. a
= 9,208
b = 32,09 c = 8,335
Å. β
= 90,3°
Z = 5. Densité
calculée = 3,23. Groupe spatial : P2 ou P2/m ou Pm. Roger WARIN. |