VESZELYITE (Cu2+,
Zn)3 (PO4) (OH)3 . 2H2O Hydroxyphosphate hydraté de Cuivre, zinc. |
INTRODUCTION
La
minéralogie du Katanga (R. D. Congo) est très diversifiée. Cette
province géologique est surtout renommée pour le nombre d’espèces minérales
nouvelles qui y ont été trouvées. On subodore encore la présence de
bien d’autres, le plus souvent des minéraux uranifères. Parmi les minéraux
non radioactifs, il existe de jolies curiosités inédites telles la
buttgenbachite de Likasi ou « l’ancienne
kipushite » de
Kipushi. Ce dernier minéral a été identifié en 1926 par Henri
BUTTGENBACH, professeur à l’Université de Liège. Cependant, cette espèce
fut discréditée par la suite car elle s’est révélée identique à la
veszelyite. Le fait qui a
induit Buttgenbach en erreur, c’est que l’holotype de veszelyite
contenait de l’arsenic, et non sa « kipushite ». La
veszelyite est un minéral très rare de la zone oxydée des dépôts de
Cu et Zn. La
localité-type est Vaskô, actuellement Moravicza - Roumanie (le Banat,
ancienne partie de la Hongrie) dans laquelle les cristaux sont bleu-vert,
souvent disposés en croûte, dans des fentes de roches à grenats,
accompagnés de magnétite et sulfures de cuivre.
Elle est dédiée à VESZELYI, l'ingénieur-géologue qui découvrit
ce minéral. La
première étude en a été faite à Vienne, à l’Académie Impériale,
par A. SCHRAUF. En
1926, H. BUTTGENBACH décrivit ce qu'il croyait être un nouveau minéral,
des cristaux de couleur bleu-azur ou bleu profond, pseudo-octaédriques,
situés sur une croûte microcristalline d'hémimorphite blanche ou bleutée,
elle-même sur une gangue de couleur crème. Le contraste des teintes est
joli. Ces échantillons provenaient de la mine Prince-Léopold, à
Kipushi, Katanga (R.D. Congo). Buttgenbach, qui fut aussi Administrateur
de l'Union Minière du Haut Katanga, dénomma ce nouveau minéral, la
KIPUSHITE. Buttgenbach connaissait l'existence de la veszelyite de Vaskô,
mais il savait aussi que ce minéral était différent du sien, car le
premier contenait 10,5 % d'oxyde d'arsenic (selon la deuxième analyse de
SCHRAUF), alors que le minéral du Katanga ne contenait pas d'arsenic. La
« kipushite » de Buttgenbach fut déjà discréditée par
ZSIVNY en 1932, pour l'être définitivement en 1948 par BERRY. Malgré
ces diverses mises au point, une certaine confusion régna encore, si bien
que C. GUILLEMIN étudia aussi ce minéral en 1955 dans sa thèse. En
1985, P. PIRET, M. DELIENS et al. retrouvèrent
la veszelyite sur un échantillon de Roger VAN DOOREN, d'extraction récente
(Stots de la mine de Kipushi, niveau -8m). Ce qui était intéressant,
c’est que cette veszelyite était associée, en autres minéraux, à la
"nouvelle" KIPUSHITE. L'histoire
de la veszelyite ne se termine pas si vite, car en 1974 fut publiée l'étude très approfondie de Subrata GHOSE,
Sandra R. LEO et Che'ng WAN de l'Université de Washington, Seattle,
Washington (USA) décrivant sa structure.
ORIGINE.
Il
existe de nombreuses origines de la veszelyite, nous ne retiendrons que
celle du Katanga dans cette description : Kipushi,
mine Prince-Léopold. MORPHOLOGIE.
Selon
leurs origines, les cristaux de veszelyite se présentent sous des
apparences différentes.
Ainsi, leur habitus peut être soit prismatique court soit
pseudo-octaédrique.
Dans le premier cas, l'étude morphologique est souvent compliquée
par la présence de faces courbes.
Leur appartenance à une classe cristalline de faible symétrie,
leur petite taille et le fait qu'ils soient peu dégagés de la gangue ont conduit les divers auteurs à mesurer au moyen d'un goniomètre,
des angles sur des échantillons brisés.
Bien souvent donc, les dessins ne représentent que certains angles
solides d'un monocristal.
Pour ne rien simplifier, tous les auteurs n'adoptèrent pas la même
orientation du cristal, les référentiels différents conduisant bien sûr
à des indices de faces non directement comparables.
L’orientation admise internationalement est celle de SCHRAUF
(II). Les indices mentionnés dans cet article sont ceux de ce référentiel. HABITUS. 1.-
L'habitus prismatique se présente en prismes courts, allongés
selon l’axe c, parfois aplatis sur {100}. Il semble caractériser
toutes les origines mondiales de la veszelyite autres que le Katanga et
l'Ecosse. L’habitus est typiquement la résultante de la
combinaison de trois formes cristallographiques (Zsivny): {110}, {011} et
{100}, cette dernière étant moins fréquente. Ces gisements peuvent
aussi présenter le second habitus. 2.- L'habitus pseudo-octaédrique est lui typique des cristaux de Kipushi (peut-être l’une des raisons du choix de son référentiel personnel par BUTTGENBACH). Il est constitué de la combinaison des deux formes {110} et {011} également développées. L'habitus du prisme court n'y est pas observé Habitus
pseudoctaédrique de la veszelyite. La forme porte le nom de
clinorhomboctaèdre.
Angle solide complexe d’une veszelyite de Kipushi, analysée par Buttgenbach
Divers cristaux de veszelyite étudiés par Zsivny
Schéma
structural de la veszelyite, mettant en évidence la présence de « canaux »
(Etude de Ghose) a)
Couche octaédrique des cuivres vue selon z. La
veszelyite a un rapport Cu/Zn variable selon l'origine des échantillons
(Tabl. 1).
La veszelyite d’Arakawa est de composition proche de la valeur du
membre limite, terme de la série - solution solide: Cu2ZnPO4(OH)3
. 2H2O.
Tabl.
1 - Rapport Cu / Zn, selon l’origine. BIBLIOGRAPHIE
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Il s'agit bien sûr de la « vraie » kipushite, analysée par PIRET & DELIENS
en 1985, à laquelle les auteurs ont attribué le nom de kipushite devenu
vacant, après la discréditation de la
« fausse » kipushite de BUTTGENBACH.
C'est toujours le nom le plus ancien qui prévaut quand il y a
plusieurs dénominations simultanées.
Kipushi méritait bien cet honneur, mais la
confusion perdure: il y a quelques années, elle apparaissait encore
dans le M.R. 18.
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