AMAZONITE

Pikes Peak, Teller Co., 



Dans 2011-12-17
Amazonite, quartz enfumé – Pikes Peak.


A une centaine de km au sud de Denver se situe le mont Pikes Peak, culminant à 4301 m. Il est au centre d’un batholite (ou pluton) ayant formé des dykes résistants à l’érosion et ainsi mis en évidence. Le site est vraiment remarquable pour ses belles amazonites vert-bleu bien cristallisées. L’amazonite est une variété du microcline, un feldspath. Un autre minéral, le quartz enfumé, souligne la beauté de ces spécimens.

Les minéraux recherchés sont situés spécialement dans la « pocket zone ». Des cavités sont disséminées dans la pegmatite qui est parfois profondément altérée, des éclats de quartz ayant été dissous par des fluides hydrothermaux corrosifs. Les cavités ou géodes ne sont généralement pas altérées (sauf en surface), et elles ont conservé leurs cristallisations. Dans les poches fracturées, des minéraux secondaires peuvent cristalliser comme du quartz incolore, de la fluorite. Les poches sont aussi noyées dans des hydroxy-oxydes de fer et manganèse de couleur brun rouge, brune ou noire. Depuis les débuts de la recherche des amazonites de la région de Pikes Peak, des dizaines de milliers de géodes ont été ouvertes. 20 à 30 % de celles-ci contiennent de l’amazonite de couleurs diverses, le reste étant constitué de microcline ordinaire. Quant à eux, les cristaux du type « white cap » (dont l’une des faces supérieures contraste par sa blancheur) n’ont été trouvés que dans 1 % des cavités. Plus rares encore ont été les découvertes de cristaux d’amazonite vert-bleu (ou bleu-vert) dont certaines faces sont de couleur chair. Ces géodes sont généralement des ellipsoïdes, mais elles peuvent aussi être difformes. Leurs dimensions oscillent entre 1 x 1 x 0,4 m et 3 x 4x 1,5 m. 



Fig. 2 – Monocristal idiomorphe d’amazonite de Pikes Peak.



Morphologie : 



Amazonite : variété verte du microcline ;
Le microcline présente les mêmes couleurs beige clair que l’orthose, si ce n’est qu’il possède une variété de couleur verte ou bleue, en fait ces deux teintes participent à la coloration, parfois dans l’une est dominante, parfois l’autre, parfois elle est turquoise.

Formes observées : Alors que formellement le microcline est triclinique et que le nombre de pinacoïdes pour décrire la figure s’élève à 8 (16 faces), comme l’angle α vaut 90°41’ au lieu de 90°, on assimile souvent la morphologie du microcline à celle de l’orthose monoclinique. Le nombre de formes cristallographiques pour décrire l’exemple choisi est alors moindre (certaines faces étant répétées par une action d’un élément de symétrie supplémentaire, plan miroir et axe de symétrie). Voici la liste des formes (Fig. 6) : 
c {0 0 1} z {1 3 0}
m {1 1 0} x {-1 0 1}
b {0 1 0} y {-2 0 1}
L’amazonite ne montre presque jamais des macles.



Fig. 3 – Modèle correspondant à la figure 2.



Couleur


La teinte bleu vert ou turquoise de l’amazonite lui donne beaucoup d’attrait et celui-ci captive le regard même des plus profanes en minéralogie. Comme bien souvent, la mémoire ancestrale attribue ces teintes à des causes bien inappropriées. Ainsi, il fallait s’y attendre, le cuivre en a été qualifié de responsable. 

La teinte de ces amazonites laissait croire que des ions de cuivre en étaient responsables. Il n’en est rien. Des paires Fe3+ - Pb2+ sont en fait la cause de cette teinte. Les scientifiques ont montré que Cu2+ formait une paire avec Pb2+, bloquant la paire Fe3+ - Pb2+. Les sites Fe3+ produisant la couleur devenaient ainsi inactifs.

On doit ainsi considérer les substitutions couplées K+ pour Pb2+ et Si4+ pour Fe3+ d’un point de vue des dimensions des cations, mais aussi les substitutions également probables K+ pour Pb2+ et Si4+ pour Al3+. La raison profonde de la couleur si attrayante de l’amazonite est corrélée à la transition électronique probable :
Pb2+ + Fe3+ <-> Pb3+ + Fe2+.



Fig. 4 – Amazonite, avec surcroissance sélective de microcline.
Pikes Peak, Teller Co. Colorado.

SURCROISSANCES SELECTIVES DE MICROCLINE


Un aspect fort intéressant et très rare est illustré par ces surcroissances sélectives sur certaines faces choisies de l’amazonite. Il se présente d’habitude par un dépôt de teinte chamois sur la face (001) et on les désigne sous le nom de « white caps ». Mais dans des proportions encore plus rares (on parle d’une seule géode qui aurait donné ces cristaux), ces surcroissances choisissent des faces de certains prismes (approximation de langage) familièrement dénommées des « white stripes ». Ces dépôts ultimes (Fig. 4) reflètent des changements physicochimiques drastiques du milieu dans les poches de feldspaths potassiques de la pegmatite. Il s’est nécessairement produit des ouvertures de ces géodes. En outre, on doit considérer également la température. Ces dépôts secondaires de microcristaux de microcline, sur de l’amazonite (variété de microcline) semble être une croissance parallèle.



Fig. 5 -Modèle cristallographique du cristal de la figure 4 présentant la surcroissance sélective.
 La forme {20-1} n’était pas décrite dans la littérature. 


FLUORESCENCE 

Voir page de ce site des minéraux fluorescents.


Roger WARIN.