CELESTITE


Mine Sakoany, Katsepy, Prov. de Mahajanga.

Sulfate de strontium SrSO4.



Photo -1 – Célestite – Sakoany, Katsepy, Mahajanga, Madagascar



La célestite semble rare. On pourrait supposer que la cause est liée à la rareté du strontium, dont on n’entend pas beaucoup parler. Il n’en est rien. Le strontium n’est pas si rare que cela car son clarke est de 370 g/tonne (ou 370 ppm). Le clarke du barium vaut 500 ppm et celui du calcium 4,1 % (41000 ppm). Ces trois éléments appartiennent à la même famille chimique, les alcalino-terreux. Ayant les mêmes propriétés, ils peuvent interagir entre eux en se substituant les uns les autres, sauf si des contraintes stériques (d’encombrement) les en empêchent. Le rayon ionique de Ca2+ est le plus petit (0,99 Å), celui du Sr2+ vaut 1,12 Å et celui de Ba2+ est égal 1,34 Å. C’est ainsi que certaines aragonites seront chargées de quelques % de Sr. Mais la barite accepte davantage d’ions Sr2+ au point de former fréquemment une solution solide vraisemblablement continue et complète. Cela pose évidemment un problème de discrimination pour l’amateur.



LOCALITéS



La localité la plus célèbre, car elle a été très prolifique (15 tonnes par année), est située à Madagascar, Mine Sakoany. Elle est située à l’ouest des rives de la rivière Betsiboka (qui se jette dans la baie de Bombetoka en formant un large delta), sur la côte nord-ouest de Madagascar, à 12 km au Sud de Katsepy. On trouve la célestine dans des géodes ou des agrégats inclus dans des lentilles épaisses de 30 m au maximum, entre des couches de calcaire gris à crinoïdes du Danien (Jurassique), datant de 65 millions d’années. La célestine y a été découverte en 1967. Dès les années ’70 on la voyait dans nos bourses, où elle était souvent le clou du spectacle. 
Les autres localités sont nombreuses mais pas aussi célèbres. Cependant, les gisements du Mexique sont renommés. Même la Belgique possède une localisation dans la grotte de Lorette à Rochefort (Fig. 3). On la rencontre également en beaux cristaux blancs accompagnant le soufre à Caltanisseta en Sicile.



Célestite – Sakoany, Madagascar.
Coll. MHNLux. © R. Warin




Célestite – Grotte de Lorette, Rochefort (B). © R. Warin. 

 



Cristal de la figure 1.
Habitus allongé selon [100] : Prismes {011} et {110}.
Facettes modifiantes : Pinacoïdes {001} et {010}.
Pyramide {111} et Prisme {101}.



MORPHOLOGIE



La célestite appartient au Système orthorhombique. Elle possède la même structure que la barite. Il n’est pas étonnant qu’ainsi les cristaux de célestite et de barite soient semblables. Ils peuvent être prismatiques ou tabulaires selon {001}.
Le clivage {001} est parfait, mais celui selon {210} est moins bon.
La couleur bleu ciel (d’où son nom) n’est pas si fréquente. Les cristaux sont souvent blancs ou gris. L’éclat est plus vif que celui de la barite. Densité = 3,96.
Comme la strontianite (SrCO3), elle colore les feux de Bengale en rouge. Le test à la flamme est une caractérisation analytique typique du strontium.

Voilà une courte description de la célestite. Après un très gros succès dans les années ’70-80, la célestite malgache ne se trouve plus au pinacle de la minéralogie, bien qu’elle en ait toutes les qualités. Ses cristaux sont souvent parfaits et sa teinte céleste douce et agréable illumine une vitrine.

Roger Warin.