INDICESCe
monocristal est translucide, de couleur légèrement bleutée et grisâtre.
Il est disposé horizontalement selon son axe d’élongation. Des zones
bleutées prononcées montrent que des dépôts différenciés
d’impuretés se sont produits lors de la croissance du cristal en
soulignant la symétrie trigonale du minéral. Le
cristal mesure 74 mm x 23 mm d’épaisseur en son centre. Ce
minéral constitue également un échelon de la célèbre échelle des
minéralogistes. Sa formule chimique est très simple. Bien
que la photo soit plus expressive, disons encore que notre minéral est
un « vieux cheval de retour », étant déjà connu par Théophraste
dans le Monde Antique en 350 avt J.C., sous le vocable « anthrax »
(coïncidence actuelle malheureuse, qui signifie en grec, charbon ou
aussi escarboucle, c’est-à-dire pierre précieuse) et Pline le
nommait hyacinthos (huakinthos,
de couleur hyacinthe, bleue) en 77 de notre ère. Je doute que le terme
ésotérique « télésie »
ou « substance parfaite » qui fut donné au « spath
adamantin » par Haüy soit plus expressif, si ce
n’est qu’il met en évidence tout le respect que le Père de la Minéralogie
moderne portait à ce noble minéral. La dernière appellation n’est
pas si mauvaise car elle rappelle la cristallographie du minéral et
l’une de ses propriétés physiques les plus importantes.
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REPONSENOM : CORINDONORIGINE : Radnapura, Sri Lanka Voici
le plus dur des minéraux après le diamant, bien qu’il existe entre
eux une différence de plus d’un ordre de grandeur. Sur l’échelle
de Mohs, il sert de référence 9 alors
que le diamant se trouve sur le 10e échelon. Dans l’échelle quantitative de dureté par résistance à l’usure (Rosival), le corindon est caractérisé par la valeur nominale de 1000 alors qu’elle est de 140.000 pour le diamant. Le
clivage sur (0001) est parfait
(perpendiculaire à l’élongation). Sa densité de 4,02 est importante
pour des atomes aussi légers que l’aluminium et l’oxygène. Elle
est le reflet d’une structure très compacte de cet oxyde
d’aluminium, en relation évidente avec sa dureté. L’éclat
est adamantin à vitreux. Les cristaux naturels, souvent translucides,
sont fréquemment d’un gris légèrement bleuté ou même d’un bleu
très prononcé. Sur
l’échantillon photographié, on constate des zones différemment
bleutées. Ce qui est typique, ce sont les discontinuités de coloration
reflétant des inclusions d’atomes étrangers sur des sites de
croissance corrélés à la symétrie du cristal. En fait, le corindon
appartient au même système cristallin que la calcite : rhomboédrique
holoèdre. Le
cristal présenté est anormalement allongé en fonction des formes
cristallographiques présentes (en fait ici, {11.1}). Cela résulte de
la présence de croissances parallèles répétées selon le même axe
d’élongation. De manière oscillatoire, la croissance tend à se
terminer puis reprend de plus belle… Ces croissances successives selon
le même axe c sont responsables des angles rentrants (ce ne sont pas
des macles !) et des stries ou cannelures parallèles à une arête
(00.1) (11.1), perpendiculaires à l’axe c. Le cristal présenté
subit ainsi un élongation supplémentaire de 48 % environ. L’allongement
anormal des bipyramides d’anatase participe du même phénomène. VARIETES :
Le vocable corindon est issu du tamoul kurundam. Le
corindon « harmophane » présente
des joints naturels (du grec, harmogé, jointure et phainein,
faire voir). L’EMERI
est un corindon granulaire noir (d’où son nom ancien d’anthrax) dont l’origine antique était (et reste) le gisement du Cap Emeri,
Ile de Naxos, Grèce, exploité depuis 2000 ans. Les pierres gemmes du corindon sont précieuses : RUBIS : corindon rouge gemme, dont la teinte idéale possède une pointe de bleu (sang de pigeon). Des traces (ppm) de chrome induisent sa couleur et son nom. Les rubis les plus fins proviennent de Mogok, Myanmar (Birmanie) SAPHIR : corindon gemme bleu, ou même de n’importe quelle autre teinte, comme le jaune, le vert et même le rose et le rouge ! La couleur bleue provient de traces de fer et de titane. Sa teinte idéale est le bleu « bleuet » (rappel de hyacinthos), un bleu avec une pointe de rouge. Une origine excellente est celle du Cachemire (Inde). En
chimie, il porte le nom d’alumine
ou oxyde d’aluminium. ASTERISME :
il est produit par de petites inclusions groupées parallèlement aux arêtes
{10.1} {11.0}. Ces aiguilles proviennent d’une exsolution de TiO2
cristallisées en « épitaxie » interne au cristal de saphir
ou rubis, qui sont alors dits étoilés. LOCALITE :
C’est un minéral accessoire de certaines roches métamorphiques. La
localité d’origine de cet échantillon est classique. Il provient du
District de Radnapura au Sri Lanka. BIBLIOGRAPHIE :
Roger Warin, Corindon, saphir, rubis. AGAB MINIBUL, Vol. 34 (2) 25 –
35 (2001) et références incluses. |