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Encore une question dont la réponse est facile à formuler. La couleur de ce minéral fascine l’Homme depuis des siècles, si pas des millénaires. C’est l’une des plus belles fleurs du Règne Minéral. Ce cristal, de 23 mm sur 19 mm, appartient à l’une des grandes familles prestigieuses de la cristallographie et il est souvent cité en exemple dans les livres de références. Sa structure atomique est peut-être aussi belle par son organisation et ses propriétés que la transparence de cette gemme, car c’est aussi une gemme ! C’est
d’ailleurs sous cet aspect que ce minéral est connu du grand public,
même celui qui ignore tout de notre passion. La
localité d’origine de ce splendide minéral est un grand classique de
la minéralogie et de la gemmologie. Comme beaucoup de belles choses,
son origine est exotique…
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REPONSE
NOM :
BERYL, variété émeraude.Be3Al2Si6O18,
système hexagonal, holoèdre. ORIGINE :
Muzo,
Colombie. Le
béryl est un cyclosilicate. Des
tétraèdres SiO4 forment des anneaux à 6 Si. Ces cycles
sont donc formés de liaisons Si – O très fortes. Alternativement,
des atomes d’Al et de Be unissent ces cycles entre eux, dans un autre
plan parallèle. L’empilement régulier de ces cycles crée dans la
structure des canaux « vides » allongés selon l’axe c
dans lesquels de l’eau est très fréquemment piégée. La
nature des liaisons et celle de l’édifice atomique confère au béryl
une grande cohésion. La résistance aux attaques chimiques et la dureté
8.0 en sont aussi le reflet. Les
macles de ce minéral sont si
rares que beaucoup de minéralogistes ne croient pas en leur existence.
La
couleur de l’émeraude est
typique. Elle est due à la présence d’atomes de chrome. Sa teinte
est d’un vert soutenu. La
localité d’origine est très célèbre.
Située au nord de l’arc de l’émeraude,
qui va de Gachalá et Chivor à 75 – 90 km au NE de Bogota, jusqu’à
Peña Blanca au Nord. Muzo et sa voisine Coscuez se trouvent à une
centaine de km au Nord de Bogota. Les mines pénètrent des schistes
noirs pyritifères veinés de couches de calcaires peu épaisses. Ces
roches sont fortement plissées, extrêmement fracturées et fissurées
suite à l’action de forces de compressions et torsions créées lors
de la formation du « horst » de Muzo-Coscuez. Le cœur de
ces montagnes terminant les Andes au Nord est constitué de roches ignées
et métamorphiques, recouvertes de roches sédimentaires très faillées,
datant du Crétacé. Le terrain très accidenté est couvert par la forêt
tropicale impénétrable. A Muzo, l’émeraude
apparaît dans des veines de calcite, sous la forme de cristaux isolés,
d’agrégats ou de fragments cristallins. Elle ne se trouve que
rarement en dehors de ces veines. Les cristaux peuvent atteindre 10 x 5
cm et l’habitus le plus courant est celui de prismes courts {10.0}
terminés par la base {00.1}. L’émeraude porte parfois des cristaux
de pyrite. Remarque :
La présence des schistes noirs dopés de matière organique est
indispensable à la production de béryl (dont l’émeraude est une
variété chromifère). En effet, les ions Be++ y trouvent
leur origine où ils étaient captifs d’oxyhydroxydes de fer et de
manganèse. Les traces de chrome et de vanadium qui colorent l’émeraude
ont également été lessivées des schistes noirs par la métasomatose
hydrothermale. En outre, la présence de nombreuses failles liées à la
structure des terrains a facilité la circulation des fluides
hydrothermaux. Emeraude trapiche : Emeraude
trapiche, Gachalá (Colombie) – 3.2 mm. Une
curiosité extrêmement rare a pris naissance dans cet arc
de l’émeraude colombien. Il s’agit d’une étrange
cristallisation de l’émeraude sous la forme d’une roue dentée à 6
rayons. Malgré
son allure vraiment inhabituelle, l’émeraude « trapiche »
n’est pas une
macle,
mais bien un monocristal. Le nom « trapiche » trouve son
origine dans un mot espagnol désignant une roue dentée en pierre jadis
utilisée pour le broyage des cannes à sucre et encore employée
actuellement dans le broyage de minerais en Amérique du Sud. Quand ils
sont suffisamment grands, ces cristaux « trapiches » sont
utilisés comme gemmes taillées, sinon ils sont rejetés ou parfois
polis pour faire des bijoux tels des boucles d’oreille. Emeraude
trapiche – même échantillon, en contre-jour. Typiquement, la trapiche se présente comme constituée d’un noyau central, un prisme hexagonal formant l’essieu, entouré de 6 bras ou rayons de la roue qui se sont développés parallèlement aux faces {10.0} du prisme. Les interstices sont remplis d’un mélange blanc – crème, accentuant le contraste de l’objet. Emeraude
trapiche, Gachalá (Colombie) – section : 9 mm. L’eutectique
est noirci par les schistes noirs. Localité
d’origine des trapiches présentées : Gachalá
Les
échantillons présentés proviennent de la mine Gachalá près de
Chivor. Celles de Muzo n’ont pas les secteurs hétérogènes aussi développés. La
mine de Chivor était anciennement dénommée mine de Somondoco, du nom
de la ville la plus proche. Elle est située au centre de la Colombie,
à environ 90 km au nord-est de Bogota. La région s’étendant de
Chivor à Gachalá (hameau de Los Palomas - 75 km à l’est de Bogota
et à 25 km au SO de Chivor) forme le district oriental des mines d’émeraude.
(Muzo étant dans le district occidental). La zone très plissée séparant
Gachalá de Chivor est le siège de la grande
faille San
Fernando qui sépare les roches métamorphiques
paléozoïques (530 – 245 ma) des bancs calcaires sédimentaires
alternant avec des bancs de schistes noirs riches en matières
organiques (Crétacé inférieur 130 – 95 ma). De nombreuses failles
parallèles aux plans de sédimentation favorisent la mise en mouvement
des fluides minéralisateurs. Bibliographie : John
Sinkankas, Emerald and others beryls (1981). K.
Nassau & K.A. Jackson, American Mineralogist, Vol.55, 416 – 427
(1970). P.
Vuillet, G. Giuliani, J.Cl. Fischer et P.J. Chiappero, Le Règne Minéral,
46, 5 – 18 (juillet-août 2002). Roger
Warin, Emeraude trapiche, AGAB MINIBUL, Vol.35 (7) 162-166 (sept. 2002). Roger Warin.
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