INDICES 

Des correspondants nous ont reproché la trop grande facilité de notre Mineral Quiz. Pour titiller les connaisseurs, nous proposons un minéral très inhabituel. Sa paragenèse est très intéressante et dire qu’il y a du quartz ne vous aidera pas davantage.   

La localité, tout en étant aujourd’hui un grand site classique, se trouve hors des sentiers battus…

 
REPONSE

NOM :      Whiteite        Ca(Fe+2,Mn+2)Mg2Al2(PO4)4(OH)2.8H20.

PARAGENESE      Lazulite, éosphorite et quartz.

ORIGINE :           Crosscut, Rapid Creek, Yukon (Canada).  

La whiteite appartient au groupe de la … whiteite. Cela revient à dire qu’elle est sujette à des variations de compositions, soit subtiles et c’est le domaine des solutions solides, soit marquées et les espèces minérales deviennent différentes.

Ce sont des phosphates monocliniques de formule générale AB+2CX2(PO4)4(OH)2.8H2O

avec A = Ca, Mn+2           B+2 = Mg, Mn+2, Fe+2, Zn           C = Mg, Fe+2

X = Al, Fe+3.

Appartiennent à ce groupe de phosphates, la jahnsite-(CaMnFe), la jahnsite-(CaMnMg), la keckite, la rittmanite, la witheite-(CaFeMg), la witheite-(CaMnMg) et la witheite-(MnFeMg).

Le groupe de la whiteite comporte 3 séries de whiteites, toutes caractérisées par la présence d’Al (au lieu de Fe3+ dans le groupe de la jahnsite).

La whiteite du Yukon s’identifie à la witheite-(CaFeMg). 

En paragenèse sur cet échantillon, se trouvent de petits cristaux de lazulite (bleu foncé), d’éosphorite (miel) et de quartz.

La couleur de la whitéite du Yukon est chamois.

Quant à elle, la whiteite-(CaMnMg) peut être jaune, vert –jaune ou rose. 

Ce minéral a été déterminé en 1978 par Moore et Ito sur des échantillons provenant de Taquaral, Minas Gerais, Brésil. Ces auteurs ont confirmé la nature des whiteites de Rapid Creek. Ce minéral est dédié à John S. WHITE Jr., curateur associé de Minéralogie de la Smithsonian Institution, Washington D.C., mieux connu des amateurs comme fondateur du Mineralogical Record.

Les zones de prospections sont riches en minéraux phosphatés. Le plus célèbre d’entre ceux-ci reste la lazulite, la gemme officielle du Yukon. Une petite centaine d’espèces minérales différentes ont été trouvées dans cette contrée.

Bien qu’il existe d’autres origines possibles, la whiteite reste rare. 

Habitus : soit des groupes de cristaux subparallèles se disposent en éventail, ressemblant ainsi à la stilbite, soit les cristaux forment de petits agrégats, soit ils sont isolés.

Les bottes de whiteites agrégées sont composées de cristaux tabulaires (pouvant atteindre 5 mm). Ce minéral se présente aussi sous la formes de cristaux tabulaires épais gauchis en forme de canoé, atteignant 2 cm et modifiés par les formes {001} et { 11}. Ils sont tous maclés selon {001} donnant l’aspect pseudo-orthorhombique, alors qu’ils sont monocliniques. 

La figure représente  un cristal de whiteite non maclé et une macle de whiteite selon {001} (la base). Les formes principales du cristal sont {001}, {100}, { 01}, {332} et {011}. Seule une observation attentive permet de déceler les différences subtiles entre les dessins. 

La macle selon {001} est très fréquente et la disposition répétée des cristaux imprime souvent une courbure aux arêtes. Ces macles sont souvent répétées, ce qui accentue la courbure du groupement cristallin, due à une légère déformation des plans partagés entre les cristaux du groupe. 

LOCALITE : Rapid Creek (Kulan Camp et Stoneman Camp) ainsi que Big Fish River, au nord du Yukon. Le paysage est celui d’un désert rocailleux couvert de toundra, sillonné par des canyons pentus de 100 à 300 m de profondeur dans lesquelles coulent les rivières. Le pays est régulièrement parcouru de grizzlys, de caribous, d’orignaux, de loups et en été, il est enveloppé à l’infini d’un nuage de moustiques.

Cette région se situe au nord du cercle arctique, à 150 km à l’Ouest de Inuvik, la ville la plus proche ; là coulent le Rapid Creek qui se prolonge jusqu’à la Mer de Beaufort à 50 km plus au nord et la Big Fish River qui se jette dans le delta du grand fleuve Mackenzie.

BIBLIOGRAPHIE : George W. Robinson et all., “Mineralogy of the Rapid Creek and Big Fish River Area, Yukon Territory », Mineralogical Record, vol.23, n°4 (1992).

Michel Brunet, “Le Yukon, ses minéraux, ses aventures”, AGAB-MINIBUL, Vol. 35, n°4, p. 73 – 86 (2002).

Roger Warin