SCAPOLITE
MORPHOLOGIE ET FLUORESCENCE
Scapolite – Madagascar.
Fluorescence UV 254 nm.
Le terme scapolite désigne plus précisément un groupe de minéraux formant des solutions solides entre eux. Deux de ses limites sont la marialite (ainsi dénommée en souvenir de son épouse Maria Rosa vom Rath (1830 – 1888) par le Prof. vom Rath, ami de Cesàro, le grand minéralogiste belge) et la méionite. Les membres intermédiaires de cette solution solide ont aussi reçu des noms. Le terme scapolite rappelle par son étymologie latine (scapus = tige, hampe, ou colonne, mot lui-même dérivé d’un terme grec très rare, quasi inusité : skapos, skêpos, apparenté par exemple au mot skêpton, sceptre) l’habitus en forme de prisme allongé.
Marialite : Na4Al(Si3O8)3Cl.
Meionite : Ca4Al2(Si2O8)3(CO3).
Scapolite – Madagascar.
Même cristal en lumière naturelle.
CRISTALLOGRAPHIE
Tous ces minéraux aux compositions changeantes sont des tectosilicates. Le groupe spatial I4/m souligne la symétrie quadratique du cristal de scapolite (groupe ponctuel 4/m).
Un axe multiple quaternaire L4 est perpendiculaire à un plan de symétrie π. Un centre de symétrie est présent. C’est la classe de la dipyramide tétragonale ou classe parahémiédrique du système quadratique.
Il s’agit donc d’une symétrie moindre, vu l’absence d’axes de rotation binaires L2 et L’2 perpendiculaires et des plans de symétrie verticaux.
Sur le dessin présenté, on voit que les faces {311} ne se dédoublent pas latéralement.
Dessin théorique du cristal photographié.
a = 12,2 à 12,13 c = 7, 6 Å (marialite) Z = 2.
Les deux prismes quadratiques a {100} (surtout) et m {110} définissent l’habitus du minéral.
La terminaison du prisme se fait par les dipyramides {011} ou {111} accompagnées parfois d’une autre dipyramide quadratique z {311}, qui met bien en évidence la classe cristalline. Le quadroctaèdre (terminologie française pour une dipyramide tétragonale) {221} modifie aussi ce petit cristal malgache.
Présence possible de stries verticales.
La section du cristal, si les deux prismes sont également appuyés, devient ainsi octogonale. Les prismes a {100} et m {110} sont d’ailleurs de bons clivages. La présence de ces deux clivages à 45° l’un de l’autre est d’ailleurs un test analytique simple. Un échantillon massif ébréché portera donc de nombreuses esquilles.
La couleur est le plus souvent incolore ou crème, mais elle peut être plus rarement brune, rosée, pourpre ou violette.
L’éclat est vitreux et les meilleurs cristaux de scapolite peuvent être gemmes (dureté : 5-6).
STRUCTURE
Les anions silicates et aluminates forment une charpente tridimensionnelle. La scapolite est donc un tectosilicate. Le motif est constitué d’anneaux formés de tétraèdres
SiO4 et AlO4. De grandes cavités subsistent ainsi, acceptant des anions tels que Cl,
CO3, et des cations comme Na, Ca… et aussi des terres rares.
FLUORESCENCE
La présence de certains activateurs (Fe3+, Eu2+…) dans la structure des scapolites les rend fluorescentes. Des courtes longueurs d’onde UV sont cependant nécessaires pour exciter la transition électronique qui par relaxation immédiate, donne la fluorescence rouge de l’échantillon photographié. Les photos représentent les deux aspects de cet échantillon en lumière naturelle ou sous UV (254 nm). Ce cristal malgache n’est pas fluorescent aux grandes longueurs d’onde.
D’une manière générale, la teinte de la fluorescence varie, passant du jaune à l’orange et au rouge selon la nature des UV et des échantillons.
GISEMENTS
On trouve la scapolite dans des schistes cristallins, des gneiss, des amphibolites, etc., toutes roches ayant subi un métamorphisme. Elle est ainsi associée au diopside, à des amphiboles, à des grenats, à l’apatite, à la titanite et au zircon.
Roger WARIN.
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