Dhofar 700 DIO

Sultanat d’Oman

 

 

Coll. Z. Gabelica

Cette tranche de 14,5 g (44 x 38 x 4 mm) de DHOFAR 700, trouvée dans la région désertique de Dhofar, Sultanat d’Oman, en 2002, est une diogénite.

Les diogénites sont des achondrites, essentiellement composées de pyroxène riche en Mg, mélangé à un peu d’olivine et de plagioclase. Les diogénites trouvent leur origine dans les roches magmatiques des régions profondes de la croûte de l’astéroïde Vesta. Ce sont donc des roches intrusives ignées, similaires aux roches plutoniques terrestres.

La plupart des 12 pièces de cette météorite présentent une texture typique des diogénites, donc compacte, de couleur verte à beige.

Seulement deux ou trois petits fragments ont montré, à la coupe, de façon totalement surprenante, quelques rares « trous », à savoir des vésicules qui augurent de la présence de bulles de gaz « in situ » . Ces bulles pourraient avoir été générées lors d’un évènement de type « éruptif » sur Vesta. Ne pouvant pas s’en échapper, peut-être à cause d’un brusque refroidissement de la gangue, elles sont restées incluses dans la matrice silicatée en y générant des petites cavités gazeuses pendant que les parois étaient encore fluides, résultant en une texture poreuse désorganisée, à la manière d’un vulgaire fromage Emmental. Les vésicules sur cette tranche sont particulièrement grosses, certaines dépassant un cm de diamètre.

Mais que viennent faire ces « bulles » dans une roche de type cumulée ?

Cela reste, jusqu’à présent, un beau mystère pour la science car elles n’ont encore jamais été détectées dans de telles roches, qu’elles soient terrestres ou d’origine astéroïdale. En plus, la matrice qui entoure ces vésicules est granuleuse et pas compacte comme dans le cas de la plupart des diogénites. Enfin, les parois de ces microcavités ne sont pas tapissées de minéraux particuliers, à l’instar de certaines angrites, essentiellement « D’Orbigny », où de nombreuses cavités contiennent de magnifiques cristaux d’augite pointant vers le centre des vacuoles.

Des études préliminaires très récentes suggèrent que ces minéraux ont existé mais qu’ils ont été rapidement broyés par une pression qui aurait brusquement augmenté. Certains scientifiques expliquent ce type de variation très brusque de la pression par la présence d’un liquide plutôt que celle d’un gaz, et ont, dès lors, proposé qu’il puisse s’agir de… vapeur d’eau !!

Mais alors…il y aurait de la vapeur d’eau sur Vesta ??

Inutile de dire que cette météorite est actuellement sujet à d’intenses investigations scientifiques qui, si elles aboutissent, permettront peut-être de résoudre une autre partie du grand mystère qui entoure l’origine de notre système solaire.

Zelimir Gabelica.