Quijingue PAL

 

Bahia, Brésil (Trouvée en 1984).

 

Une première masse de 59 kg a été trouvée à 1m sous terre par un fermier plantant des arbres clôturant une propriété dans l’Etat de Bahia au Brésil. Une seconde masse de 32 kg a été vraisemblablement aussi trouvée.

Un mineur emporta la plus grosse masse chez lui et s’en servit comme d’une enclume. Ce n’était pas la première fois qu’une météorite subisse ce sort, la plus célèbre est le Tucson Ring. La présence possible de « gemmes » n’échappa pas au mineur et il contacta Aparecido Crespi de São Paulo, chercheur d’or et de pierres précieuses auquel il était associé. Crespi rentra chez lui avec le minéral mystérieux pour le faire analyser et le vendre. Suspectant qu’il s’agissait d’une météorite, il en préleva 700 g et envoya cet échantillon au MN (Museu Nacional, Rio de Janeiro) pour analyse.

La masse principale présente la forme d’une poire irrégulière (45 x 40 x 28 cm) pesant actuellement 52 kg. Il n’y a plus de traces de la croûte de fusion, perdue par l’altération climatique, qui n’a cependant pas pénétré l’intérieur de la pierre.

La coupe de cette météorite montre une texture de pallasite, la matrice de ferronickel enrobant les cristaux angulaires et arrondis d’olivine. Trois lithologies typiques des pallasites sont présentes :

des domaines riches en olivine, avec moins de métal et des cristaux plus grands d’olivine, présentant des points triples à 120° ;

des zones riches en métal avec de petits cristaux d’olivine non isolés ;

des parties proportionnellement plus équilibrées.

La taille moyenne des olivines atteint 1 à 2 cm, et même parfois 3 cm. D’autres cristaux sont plus petits.

Plusieurs grains d’olivine présentent des limites rectilignes et même des liaisons triples à 120°. Les cristaux d’olivine possèdent des fractures internes, qui ont été envahies par des pénétrations d’oxydes.

La phase ferronickel attaquée chimiquement, met en évidence une matrice de kamacite avec des domaines de plessite. Il n’y a pas de signe d’enrobage de l’olivine par la kamacite. La kamacite montre des bandes de Neumann. La plupart des zones de plessite sont bordées par un réseau de cloisons de taenite jaune, épaisses de 1 à 2 mm. La troilite apparaît sous la forme de petites veines séparant les cristaux d’olivine ou remplissant les vides entre eux. De petits vers de schreibersite sillonnent le métal. Des cristaux automorphes ou arrondis de chromite sont enfermés dans un peu de métal ou de sulfures.

L’analyse quantitative donnent les abondances suivantes : olivine : 72 %, métal : 22.5 %, troilite : 3 %, schreibersite : 1.2 %, chromite : 0.6 %. La densité mesurée de la pierre de 700 g vaut 4.47. D’autres analyses ont donné les proportions de 10.1 % de Ni, 0.53 % de Co, 20.6 ppm de Ga, 0.058 ppm d’Ir, et 2.36 ppm d’or.

La pallasite (mg) de Quijingue se classe très bien dans le Groupe Principal (Pal. MG) avec des grains angulaires et arrondis d’olivine et une déformation cosmique moyenne. Bien que la texture et la minéralogie soient similaires à celles de la plupart des autre pallasites, Quijingue montre des relations structurelles et chimiques qui en font une pallasite indépendante.

 

Bibliographie :

Quijingue, Bahia, the first brazilian pallasite.

M.E. Zucolotto, M.N., Quinta da Boa Vista, Rio de Janeiro, Brazil.

63rd Annual Meteorical Society Meeting.

R. Warin