BECQUERELITE

Ca (U6+O2)6O4(OH)6 . 8H2O

Oxo-hydroxyde d’uranyle et de calcium hydraté.

 

INTRODUCTION 

La Becquerelite a été dédiée à Antoine Henri Becquerel (1852-1908), physicien français qui a découvert la radioactivité en 1896.  

LOCALITE  

La localité – type de ce minéral est une fois de plus, Shinkolobwe (Katanga, R. D. Congo) (A. Schoep – 1922).

La becquerelite fait partie des oxydes d’uranium rares, minéraux secondaires de la zone d’oxydation des dépôts hydrothermaux d’uranium découverts à Shinkolobwe (Katanga). Elle se trouve typiquement dans les cavités de l’uraninite.

Elle y est associée à la fourmarierite, la vandendriesscheite, la schoepite, la soddyite, la kasolite, la curite, la dewindtite, la torbernite, la rutherfordine, la sklodowskite…

MORPHOLOGIE 

La becquerelite s’y trouve surtout sous la forme de cristaux prismatiques orthorhombiques souvent un peu allongés selon l’axe b [010], aciculaires même. Mais ils peuvent être également tabulaires, aplatis sur {001}, présentant parfois un profil hexagonal. On a trouvé de très rares cristaux presque équidimensionnels (equant crystals). Elle peut former des encroûtements ou des agrégats finement grenus.

Les arêtes des cristaux sont nettes. Ils peuvent atteindre plusieurs mm. Leur morphologie peut être très complexe comme le montre le dessin établi par Ungemach [2], de nombreuses formes secondaires pouvant modifier la terminaison et les côtés des cristaux (zone [010]).

Le pinacoïde {010} est habituellement strié parallèlement à l’axe x [100]. 

La teinte ambrée de la becquerelite contraste dans les tapis duveteux de curite rouge ou parmi les cristaux jaunes de kasolite ou soddyite. Leur couleur peut aussi être jaune brun. Ils sont transparents ou translucides. Leur lustre est gras à adamantin. Dureté très faible = 2.5 et densité (calc.) = 5.10.

Clivage parfait selon {001} ; imparfait sur {101}.

La becquerelite est biréfringente et pléochroïque : X = incolore à jaune pâle, Y et Z = jaune sombre.

Remarque au sujet des oursins : Les sphérules fibroradiées de teinte jaune-orange à rouge, sont d’une identification visuelle délicate. Elles peuvent être constituées de fourmarierite, de masuyite, de vandendriesscheite… [3]. Les concrétions mamelonnées blanc crème sont constituées de rutherfordine. La pointe rose en leur centre, visible sur un échantillon, nous laisse perplexes. 

CRISTALLOGRAPHIE 

De formule Ca (U6+O2)6O4(OH)6 . 8H2O, la becquerelite appartient au système orthorhombique, classe pyramidale (antihémiédrique) mm2, groupe spatial Pn21a  

a = 13,86          b = 12,30                c = 14,92 Å             Z = 4.

Le modèle dessiné ci-dessus du cristal résume les diverses formes modifiantes habituelles.

A côté du pédion (001) et de son homologue (00-1), les dômes {101} et {-10-1} s’étirent parallèlement à l’axe b, tandis que le pinacoïde {010} termine le cristal. Le pinacoïde {100} crée deux nouvelles faces perpendiculaires à ces deux terminaisons (les cristaux biterminés sont très rares vu leur implantation sur la gangue). Enfin, des troncatures obliques des terminaisons, parallèles à l’axe a, sont dues aux formes (dômes) {021} et apparentées. Les quatre coins de ce solide sont souvent écornés par le prisme à quatre faces {110}.

Les autres dessins des cristaux de becquerelite sont dus à H. Buttgenbach [4].

 

STRUCTURE  

Les oxydes hydratés d’uranyle forment un groupe de minéraux qui ont comme seuls anions O2- et (OH)- et comme cations principaux (UO2)2+. D’autres gros cations sont présents en quantités variables, tels que Ca2+, Ba2+ et Pb2+. Les minéraux concernés par cette structure sont : protasite, billietite, becquerelite, fourmarierite, sayrite, richetite, vandendriesscheite, wölsendorfite, masuyite et agrinierite.

Dans cette structure [5, 6], les cations U6+ sont fortement liés à deux atomes d’O en formant des ions uranyles (UO2)2+presque linéaires. La structure de la becquerelite est le fruit de l’assemblage de feuillets α-U3O8 développés à l’infini, dans lesquels les U6+ sont coordinés à 5 atomes d’O (O2-, OH). Des bipyramides pentagonales sont ainsi formées. Chez la becquerelite, ces feuillets sont parallèles à {001}. Ils sont reliés entre eux par de gros cations et des molécules H2O situés en inter-couches. Dans ces feuillets α-U3O8 se trouvent aussi de petits « trous » triangulaires unis à 3 bipyramides pentagonales. Mais la structure est plus complexe encore. Burns [7] distingue 6 types différents d’U6+.

La charge totale des cations est neutralisée par celle des feuillets.

BIBLIOGRAPHIE 

[1] Alfred Schoep – Sur la becquerelite, nouveau minéral radioactif. Compt. Rend. 174, 1240-1242 (19221).

[2] H. Ungemach – Précisions cristallographiques sur quelques minéraux du Congo belge. Ann. Soc. Géol. Belg. - T.LII, 1928 -1929, p. c 75.

[3] Michel Houssa, communic. priv.

[4] H. Bttgenbach – Minéraux du Congo belge – Ann. Soc. Géol. Belg. – T. XLVII, 1923-1924, p. c 31.

[5] Jacqueline Piret-Meunier et Paul Piret – Nouvelle détermination de la structure cristalline de la becquerelite. Bull. Minéral. 105, 606-610 (1982).

[6] M. Katherine Pagoaga, Daniel E. Appelman & James M. Stewart – Crystal structures and crystal chemistry of the uranyl oxides hydrates becquerelite, billetite and protasite. Americ. Mineral. 72, 1230-1238 (1987).

[7] Peter C. Burns & Yaping Li – The structures of becquerelite and Sr-exchanged becquerelite, Americ. Mineral. 87, 550-557 (2002).

 

ROGER WARIN.