CURITE

Pb3 (U6+O2)8O8(OH)6 . 3H2O

Oxo-hydroxyde d’uranyle et de plomb hydraté.

INTRODUCTION 

La curite a été dédiée à P. Curie (1856-1906), célèbre physicien français, époux de Marie Curie-Sklodowska (1867-1934) qui étudièrent la radioactivité, tous deux prix Nobel 1903.

 

LOCALITE 

La localité – type de ce minéral est une fois de plus, Shinkolobwe (Katanga, R. D. Congo) (A. Schoep – 1921).

La curite fait partie des oxydes d’uranium rares, minéraux secondaires de la zone d’oxydation des dépôts hydrothermaux d’uranium découverts à Shinkolobwe (Katanga). Elle y accompagne typiquement l’uraninite.

La curite s’y trouve surtout sous la forme d’amas feutrés constitués de cristaux aciculaires. Elle y est aussi présente comme agrégats cristallins, saccharoïdes ou en masses terreuses cryptocristallines formées cependant d’aiguilles agglomérées.

Elle y est associée à la fourmarierite, la vandendriesscheite, la schoepite, la soddyite, la kasolite, la dewindtite, la torbernite, la rutherfordine, la sklodowskite.

PROPRIETES 

Les cristaux de curite se présentent sous la forme de longs cristaux prismatiques orthorhombiques qui peuvent être aciculaires. Leurs arêtes sont nettes. Ils sont striés parallèlement à la direction [001]. Les cristaux peuvent atteindre plusieurs mm.

La teinte rouge à rouge orangé contraste parfois avec des enduits de sels et oxydes de cobalts noirs. Les cristaux sont très rares. La curite est pléochroïque : X = jaune pâle, Y = rouge orange léger, Z = rouge brun (visible sur l’une des photos). La biréfringence est forte. Semi-transparente. Eclat fort.

Clivage selon {100} ; ténacité : cassante ; dureté : 4-5 ; densité (calc.) : 7,37. 

L’examen microchimique montre que la curite est soluble dans l’acide nitrique et aussi dans HCl à chaud (produisant au refroidissement une cristallisation d’aiguilles blanches de PbCl2). 

CRISTALLOGRAPHIE 

De formule Pb3 (U6+O2)8O8(OH)6 . 3H2O, la curite appartient au système orthorhombique, classe bipyramidale (holoèdre) 2/m 2/m 2/m, groupe spatial Pnam  

a = 12,551            b = 13,003                  c = 8,390 Å       Z = 2.

La morphologie du cristal de curite a été établie par A. Schoep (1921) sans pouvoir réaliser des mesures d’angles. Elle est très simple et elle définie par le prisme {110}, le pinacoïde {100} et la bipyramide (rhomboctaèdre) {111}

STRUCTURE 

Les oxydes hydratés d’uranyle [2] forment un groupe de minéraux qui ont comme seuls anions O2- et (OH)- et comme cations principaux (UO2)2+. D’autres gros cations sont présents en quantités variables, tels que Ca2+, Ba2+ et Pb2+. Les minéraux concernés par cette structure sont : protasite, billietite, becquerelite, fourmarierite, sayrite, richetite, vandendriesscheite, wölsendorfite, masuyite et agrinierite.

Dans cette structure, les cations U6+ sont fortement liés à deux atomes d’O en formant des ions uranyles (UO2)2+presque linéaires. La structure de la curite est unique Elle est le fruit de l’assemblage [2] de bipyramides carrées (coordination de U6+ avec 3 atomes d’O et 1 OH-) et pentagonales (coordination de U6+ avec 3 atomes d’O et 2 OH-) en formant des feuillets.

En sandwich entre ces feuillets anioniques, se trouvent les cations Pb2+ et les groupes H2O. Le cation est coordiné par 8 atomes d’O et 2 H2O formant un polyèdre complexe. Les travaux de Peter C. Burns et coll. sont incontournables pour la compréhension de ces structures.  

BIBLIOGRAPHIE 

[1] A. Schoep - La curite, nouveau minéral radioactif. CTR, 173, 1186 (1921).

[2] Peter C. Burns & Frances Hill – Implications of the synthesis and structure of the Sr analogue of curite. The Canadian Mineralogist, 38, 175-181 (2000).

Roger Warin