FOURMARIERITE

Shinkolowe (Katanga)

 

INTRODUCTION 

La fourmariérite est un oxyde hydraté d’uranyle et de plomb, découvert à Shinkolobwe (Katanga, R.D. Congo). La première description a été faite par Henri BUTTGENBACH en 1923 1. Elle se présente sous la forme de petits cristaux rouges accompagnant par exemple soit la torbernite, soit la kasolite soit la curite, soit la schoepite. Son analyse chimique fut difficile compte tenu des moyens techniques de l’époque. Les contributions analytiques suivantes ont été fournies par J. MELON (1924), A. SCHOEP (1924), V. BILLET (1926), H. BRASSEUR, (1941 et 1946). H. Brasseur, mon ancien Professeur de cristallographie, a établi le premier la composition chimique correcte, mis à part la teneur exacte de l’eau de cristallisation, mais ce sont C. FRONDEL (1958), J. PROTAS (1959), C.L. CHRIST et J.R. CLARK (1960) et enfin M. DELIENS (1977) qui apportèrent les principales données minéralogiques. C’est dire que cette étude était complexe. En effet, on a découvert une quinzaine d’oxydes hydratés d’uranyle. La structure établie par Paul PIRET (1985) 2 mit un terme à cette étude.

Sa formule est Pb(UO2)4O3(OH)4 . 4H2O

BUTTGENBACH dédia ce nouveau minéral au Professeur 
de Géologie Paul FOURMARIER (1877-1970) de
e l’Université de Liège, inventeur de la microtectonique.

Détail de la photo précédente

Autre détail du même échantillon

MORPHOLOGIE -CRISTALLOGRAPHIE 

Les cristaux de fourmariérite, transparents à translucides, ne dépassent pas les 2 mm. Ils existent aussi dans des masses crypto-cristallines. Leur couleur d’un beau rouge carmin à orangé en fait l’un des plus beaux minéraux uranifères. Le plomb donne un éclat adamantin. Il n’est pas fluorescent. Vu sa composition chimique, il est soluble dans les acides en donnant des solutions jaunes.

Paramètres de la maille :   Système orthorhombique, classe holoédrique.

a = 16,400 Å               b = 13,986 Å                     c = 14,293 Å [5].

Z = 8 (PbO.4UO3.6H2O).

Densité calc.: 5.98. Dureté: entre 3 et 4

Cristal idiomorphe de fourmariérite

La morphologie cristalline se traduit typiquement sous l’aspect de prismes orthorhombiques, plus ou moins aplatis selon le pinacoïde {001}. Un habitus aciculaire est aussi possible, les fins cristaux étant groupés en oursins comme dans d’autres uranates3 (becquerelite, billiétite, vandendriesschéite). L’allonge-ment se fait selon la direction [010] et la terminaison est lancéolée par l’effet de la bipyramide orthorhombique {111}. Le prisme orthorhombique {110} assure le biseau latéral quand le cristal est présenté avec [010] vertical. L’axe c est alors dirigé vers l’observateur. L’élongation se fait selon l’axe b disposé ici verticalement.

STRUCTURE 

La structure est complexe, comme le prouvent les nombreuses études qui été nécessaires pour la déterminer. Ce n’est qu’en 1985 qu’elle fut enfin établie par Paul PIRET 2 .

La fourmariérite est constituée de feuillets [UO2]4O3(OH)4]n2n- reliés entre eux par des groupes Pb2O10(H2O)4. Quatre molécules d’eau non liées directement aux cations complètent la structure. Notons encore que les groupes UO2 sont presque linéaires. De cette étude aux rayons X a été déduite la formule de la fourmariérite.

Quatre oxydes hydratés d’uranyle ont cette structure en feuillets reliés entre eux par des cations Pb2+ ou Ca2+. Ce sont la curite, la becquerelite, la sayrite et la fourmariérite. 

GISEMENTS 

La fourmariérite se trouve dans la zone d’oxydation du gisement de Shinkolobwe (Katanga) avec d’autres uranates de plomb. Elle peut être confondue avec la wölsendorfite 3. D’autres gisements peu nombreux existent dans le monde.

Fourmariérite et schoepite (xls tabulaires)

Fourmariérite et uranophane (xls aciculaires)

LOCALITE – TYPE 

Shinkolobwe est la localité – type de la fourmariérite. Cela signifie que c’est dans cette mine exploitée à l’époque (dans les années ’20) pour la préparation du radium utilisé en médecine qu’ont été trouvés et décrits les premiers échantillons de ce nouveau minéral.

Sur la colline de Kasolo se trouve un affleurement de la série des Mines qui fut ensuite appelé « Shinkolobwe Signal » (utilisé en géodésie du Katanga). Kasolo était ainsi connue comme repère topographique avant la découverte de Shinkolobwe et de son uraninite. Rappelons que Kasolo est l’une des écailles non uranifères de Shinkolobwe 4. En fait la kasolite a été trouvée pour la première fois dans les cavités de la pechblende de la Shinkolobwe voisine. Trois gisements sont contigus : site de Kasolo (non exploité), mine (exploitation à ciel ouvert) et puits de Shinkolobwe (toutes ces exploitations sont abandonnées).

Roger WARIN

1 H. Buttgenbach, La fourmariérite, nouveau minéral. Ann. Soc. Géol. Belg., 47, C40-43 (1923-1924).  
2
P. Piret, Structure cristalline de la fourmariérite. Bull. Minéral. (1985) 108, 659-665.  
3
Les minéraux secondaires d’uranium du Zaïre, M. Deliens, P. Piret et G. Comblain I, 33 (1981) Musée Royal d’Afrique Centrale, Tervueren, Belgique.  
4
Joseph LHOEST, « La collection des échantillons minéralogiques du Shaba du Sud-Est », AGAB-Minibul, Vol. 22 n°9, p. 9 – 28 (1989).
5 Michael SCHINDLER, Depart. Geology, Lakehead University, Thunder Bay, Ontario (Canada) : comm. priv.