URANINITE

UO2

Uraninite, Shinkolowe, Katanga, R.D.Congo.
Macle selon {111}.

 

Ce minéral tient son nom du métal constitutif, l’uranium, lui-même nommé en relation avec la planète Uranus.Dans le langage vernaculaire, spécialement avant les années ’60, l’uraninite était appelée « pechblende ». Ce nom dérive d’un terme allemand désignant l’aspect de poix. Actuellement, ce terme désigne une variété d’uraninite colloforme (concrétions zonées).
L’uraninite forme une série avec la thorianite.

CRISTALLOGRAPHIE

De formule UO2, cet oxyde d’uranium appartient au système cubique.
Groupe spatial : Fm3m groupe ponctuel : 4/m -3 2/m.
Paramètre de la maille : a = 5,4682 Å Z = 4.
Fracture inégale, conchoïdale. Ténacité : cassant.
Dureté = 5-6. V = 153,151 ų
D(mes.) = 10.63 – 10.95 g/cm³ D(calc.) = 10.88.
Non magnétique. De couleur noir acier à noir velours. En lumière transmise l’uraninite est verte, jaune ou brune.
Son lustre est submétallique à gras.
La Macle sur {111} est très rare.
La forme cristallographique principale est le cube {001} modifié parfois par l’octaèdre {111} et le dodécaèdre {011}

Uraninite, Shinkolowe, Katanga, R.D.Congo.
Uraninite massive présentant quelques cristaux cubiques.

 

PROPRIETES

L’uraninite est très radioactive. Son isotope 235 est fissile et il est utilisé actuellement comme une source d’énergie, souvent la plus importante. Ce métal est donc stratégique, et présente des menaces par ses autres aspects militaires. La fission d’un atome radioactif dit fissile se fait soit de façon contrôlée (réacteur) soit instantanée (bombe).

D’un point de vue chimique, l’uranium présente la toxicité des métaux lourds. Sa composition naturelle contient toujours une petite partie de UO3 résultant de l’oxydation des cations U4+ en U6+.

L’uranium est un élément lithophile (élément fortement électro-positif, n’existant dans la nature que sous forme combinée à l’oxygène – oxydes et silicates).

L’uraninite s’altère facilement dans la nature, donnant naissance à diverses zones supergènes d’oxydation des gisements de minerais. C’est grâce à ce comportement et aux propriétés cristallographiques étonnantes de l’anion uranyle qu’une minéralogie extrêmement riche et diversifiée des composés d’uranyle existe. Nous l’avons illustré dans de nombreuses pages de ce site sur la minéralogie du Katanga.

Ses décroissances radioactives diverses en font des horloges géologiques très précises permettant la datation des roches. En particulier on peut déterminer l’âge de la planète Terre et celui des météorites. Cela se fait par la détermination des divers rapports isotopiques de l’uranium (et d’autres éléments radioactifs) par spectrométrie de masse.

 

OCCURRENCE

De trouvaille ancienne, l’uraninite a reçu son nom en 1792 en relation avec sa composition.

L’uranium est assez répandu dans la croûte terrestre. Son clarke est de 2,7 g/tonne. Il est surtout concentré dans les granites et dans les syénites. Sa teneur est mineure dans les basaltes et très faible dans les péridotites.

Avec l’uranium, le thorium et le potassium se seraient concentrés très tôt dans l’histoire de la Terre. Au fur et à mesure de l’enfouissement des roches et de leur métamorphisme, il y aurait eu migration de ces éléments dans les magmas granitiques.

Au Congo, le principal gisement est celui de Shinkolobwe (voir la carte incluse dans notre site), qui a d’ailleurs fourni l’uranium nécessaire à la fabrication des premières bombes atomiques, dont deux explosions (1945) au Japon sont tristement célèbres.

L’origine géologique de ce gisement est très particulière : elle est catathermale (solutions hydrothermales de haute température : 300 à 400°C environ) et non en relation avec toute intrusion granitique.

La mine de Shinkolobwe a produit 30.000 tonnes d’uranium métallique. Les paragenèses habituelles sont les sulfures de nickel et cobalt, les séléniures de cuivre, les terres rares, la monazite, la molybdénite, l’or, les platinoïdes…

Roger WARIN.