GAUTHIERITE
KPb[(UO2)7O5(OH)7]·8H2O




La gauthierite est un nouvel oxyde hydroxyl-hydraté de la Mine de Shinkolobwe (Katanga - R.D. Congo)



Gauthierite – Shinkolobwe. Coll. Fr. Coune © 2018 R. Warin.



La gauthierite est un nouveau minéral nommé en l’honneur de Gilbert Gauthier (24 Décembre 1924 - 23 Juin 2006). Cet ingénieur belge (Ciney) a passé sa vie active dans l’ancienne colonie belge. Il était amené à avoir une vision d’ensemble sur les activités minières belges durant les années d’intense activité. Géologue, il fut sensible à la beauté des minéraux et débuta une collection. Puis par après il exerça un rôle de courtier international de renom. Il fut bien connu aux USA et en Europe. A l’occasion, il venait à Interminéral.

La localité-type de la gauthierite est la mine de Shinkolobwe près de Kasolo, dans le District de Kambove (Katanga, R.D. Congo).
En fait à Kasolo il y avait sur une colline un affleurement avec peu de végétation qui « transpirait » le cuivre. Cette colline culminait au-dessus des environs si bien que les premiers cartographes la prirent comme signal géodésique de référence. Elle fut alors appelée « Shinkolobwe Signal ». Elle fut ainsi connue avant la découverte du site même de Shinkolobwe dont elle est une des écailles satellites non-uranifères. 

Gilbert Gauthier (à gauche) et Joseph Lohest à la bourse de Munich (1989). © R. Warin.

Gilbert Gauthier présentait l’édition spéciale du Minibul (actuellement dans les archives du Mineralogical Record) dans laquelle se trouvait un article fondamental et unique de Joseph Lohest sur les diverses localités minières du Katanga encore disponible au prix de 7 €).


Gilbert Gauthier fut l’ami du Dr. Joseph Lohest (1934-2003), médecin à l’Union Minière du Haut-Katanga. Ces deux personnalités (qui ne se sont pas connues au Congo) ont eu ainsi par leur fonction et leur savoir, l’occasion de collectionner des minéraux à une époque lointaine où beaucoup de coopérants recherchaient uniquement les objets taillés en malachite.

La gauthierite cristallise sur une matrice d’uraninite porteuse d’une gangue de quartz associée à la sodyite et à des minéraux de la série méta-torbernite et méta-zeunérite. La sklodowskite peut aussi être présente. Cette minéralisation résulte de l’altération atmosphérique dont s’ensuit un produit d’oxydation hydratante de l’uraninite.

La gauthierite est monoclinique, P21/c, with a=29.844 Å, b=14.5368 Å, c=14.0406 Å, b=103.708°, V=5917.8 Å3 and Z=8. 
Les cristaux prismatiques atteignent le millimètre et ils sont striés selon l’élongation. De couleur jaune orange (couleur de la poussière : orange) elle possède un lustre vitreux. Sa dureté est très faible (de 3 à 4 sur l’échelle de Mohs) et elle a un clivage parfait selon {010}.




Gîtes majeurs du groupe Centre des mines au Katanga. 
© Roger Van Dooren. Cfr www.agab.be



La paragenèse typique est la soddyite (cristaux jaune- citron), caractéristique des filonnets siliceux. La Gauthierite est très rare, surtout parce que les échantillons uranifères actuellement disponibles le sont aussi et qu’une analyse en laboratoire est souvent nécessaire pour l’identifier. Inutile de souligner que ces nouveautés sont très petites, inférieures au millimètre. La mine de Shinkolobwe est reconnue pour abriter une grande variété de minéraux secondaires d’uranium. On suppose que la gauthierite est formée à partir de plomb d’origine radiogénique d’uraninite altérée (par désintégration radioactive de l’uranium). Le potassium provient du lessivage d’une autre gangue.



MORPHOLOGIE

La gauthiérite cristallise sous la forme de prismes monocliniques.
La gauthierite est un minéral original en ce sens que sa structure est faite de feuillets dont la topologie complexe est nouvelle, bien qu’elle ait quelques ressemblances avec la vandendriesscheite. Sa maille unitaire est anormalement grande, b atteignant environ 41 Å.

Dessin idéalisé d’un cristal de gauthiérite, d’après TRAVIS A. OLDS, JAKUB PLÁŠIL and all. –

Roger Warin